ECRIRE UN RAPPORT FAIT-IL DE NOUS DES "RAPPORTEURS" ?


Rapport à soi,

Rapport à l’autre,

Le rapport, c’est le moment de «rapporter » ce qu’il y a en rapport avec les objectifs qui définissent l’enjeu de notre rapport avec la famille…

Le rapport, évoquant souvent l’indiscrétion, se veut centrer sur des éléments à apporter au Juge des Enfants, chef de service de L’Aide Sociale à l’enfance, afin qu’ils soient en mesure de prendre une décision adaptée aux besoins de l’enfant.

Qu’est-il important de rapporter ? Comment donner du sens à ce qui a été fait, ressenti, vécu ? C’est une mission bien particulière : chercher, peser, doser les mots, chercher, peser, doser les mots…. 

A l’évidence il faut faire du tri… faire le tri entre les grands événements de l’année de travail et les petits rien qui en disent beaucoup. Faire le tri entre ce qui concerne l’intimité des familles, parfois ce qui ne peut pas être entendable, mais qui doit être dit…


Le funambule d’éducateur se risque alors à écrire… avec pour mission d’être au plus juste.
A chacun son style, chacun son rythme, chacun son temps. Il y a ceux qui traînent la patte, ceux qui foncent, ceux qui doutent, ceux qui font des fautes, ceux qui sont débordés, ceux qui l’élaborent avec les familles, ceux qui sont en retard, et ceux qui essayent de le faire à deux !

Mettre sur papier des actions, des ressentis, des blocages, des avancées, une rencontre, met l’éducateur devant des responsabilités car les écrits ont des conséquences sur les familles accompagnées, ils sont évaluateurs. Passer de l’oral à l’écrit permet de mettre de la distance entre l’agir et le faire, mais aussi mettre du sens et mesurer les enjeux pour le professionnel et la famille. Ce travail de réflexion qu’implique la rédaction d’un rapport, doit permettre de laisser une trace objective de ce vécu et de notre accompagnement auprès de chaque famille accompagnée.

En fin de compte cet écrit vient traduire en quoi la mesure éducative a permis d’accompagner les familles dans leurs difficultés propres. A-t-elle été efficiente ? Permet-elle à l’enfant d’être hors de danger ou hors risque de danger ? Faut-il penser d’autres moyens éducatifs ?...


Avec toute la précaution, la précision, la finesse que cherche à mettre l’éducateur dans cet exercice éthique et funambulesque on peut penser que c’est en effet un « rapporteur ». Pas au sens écolier du terme mais rappelez-vous de l’outil de géométrie qui accompagnait règle, équerre et compas. Ce petit instrument en demi-cercle pour mesurer précisément la valeur des angles… Ainsi l’éducateur, lorsqu’il est le « rapporteur », devient l’outil de mesure pour le Juge des Enfants et le Responsable de l’Aide Social à l’Enfance.

Nicolas RICHIARDONE
Educateur spécialisé